Le cinéma d'animation s'affirme comme un art à part entière. Dans son livre
Les oscars
du film d'animation, Olivier Cotte
nous invite à découvrir les secrets de fabrication de 13 oscars du cinéma d'animation.
13 courts-métrages présentés à travers des documents inédits : story-boards, photos,
dessins, interviews des réalisateurs ou de leurs proches collaborateurs, etc.
A l'occasion de la parution de cet ouvrage, nous avons interviewé
Olivier Cotte afin qu'il nous explique ce qui l'a conduit à l'animation, à la réalisation
de cet ouvrage, et nous éclaire sur les différentes techniques d'animations.
Bonne lecture !
Olivier Cotte : J'ai été en contact très jeune avec l'animation. Ma première rencontre avec cette discipline a eu lieu dans mon atelier du mercredi aux beaux-arts (avant d'y étudier à plein temps après le bac). Par la suite, j'ai très vite réalisé des films en solitaire : le premier a été terminé lorsque j'avais 14 ans. Et puis, il y a eu au même moment le choc de la découverte de McLaren et Disney avec Blinkity Blank (McLaren) et Fantasia (Disney). A partir de là, je suis définitivement tombé dedans.
O. Cotte : En gros, il y a deux grandes familles :
Dans le cadre de l'animation directe, on trouve l'animation d'objet (la première historiquement d'ailleurs), la marionnette, c'est-à-dire des techniques en volume qui autorisent des mouvements de caméra et des mises en scène très libres.
Il y a également les animations en 2 dimensions souvent effectuées au banc-titre (un dispositif comportant une caméra montée sur une crémaillère et un plateau d'enregistrement) telles que l'animation de sable, de papiers découpés, de peinture sur verre, etc.
Pour l'animation indirecte, nous trouvons tout ce qui est animé, travaillé au préalable : c'est-à-dire des suites de dessins (animation sur papier), des dessins reportés sur cellulo (dessin animé), et des animations assistées par ordinateur puisque le calcul qui s'apparente à la prise de vue s'effectue à la fin.
O. Cotte : Les techniques ont énormément évolué pendant les premières années du XXème siècle (comme pour le cinéma en général), puis elles se sont stabilisées avant que Disney ne pousse le cellulo dans son étape ultime et Trnka pareillement pour la marionnette.
Ensuite, peu de changements sont intervenus jusqu'à l'arrivée de l'ordinateur. Les rares évolutions concernaient plutôt les manières de produire de façon plus économique, et parfois, l'écriture au sens dramaturgique ou cinématographique.
Depuis une dizaine d'années, grâce à l'informatique, nous assistons à un phénomène qui rappelle l'évolution qui a eu lieu pour la conception musicale avec le home studio numérique : la démocratisation des outils de production et les facilités de diffusion mettent la production et la réalisation d'un film à la portée de presque tout le monde. Aujourd'hui, la tendance est donc à l'animation par ordinateur et à la diffusion non plus argentique mais numérique.
O. Cotte : L'idée était de présenter des films qui utilisent
des techniques très différentes.
Les oscars
du film d'animation devait également suivre un cahier des charges basé sur la technique.
Or, la grande partie des films d'animation jusqu'aux années 70 ont été réalisés sur cellulo.
C'est pourquoi ceux qui figurent dans le
livre
sont majoritairement récents. Il y avait aussi un désir que les réalisateurs ou techniciens
soient encore vivants afin de communiquer avec eux, afin d'obtenir un maximum d'informations
à la source.
De plus, les écritures se sont beaucoup diversifiées depuis 30 ans, le choix de films assez récents permet ainsi de varier les approches narratives et les styles de montage ou d'animation. Enfin, j'avais aussi le désir de pouvoir passer d'un film expérimental à un drame intimiste, d'une oeuvre romanesque à gros budget à un film minimaliste réalisé dans un grenier, etc.
O. Cotte : J'ai été très impressionné par Ryan, un film réalisé par ordinateur que j'aurais d'ailleurs bien voulu insérer dans mon livre. Father and Daughter de Michael Dudok de Wit est un film exemplaire ne souffrant d'aucun défaut. Milch de Kovalyov est également un film très fort. J'ai aussi beaucoup aimé The moon and the Son de John Canemaker.
O. Cotte : Le marché est en expansion. Mais il reste très lié aux contraintes commerciales et les écritures sont proportionnellement moins inventives qu'il y a quelques années.
Aujourd'hui, on a souvent tendance à confondre culture et divertissement, les réalisateurs se laissent beaucoup trop influencés par les grandes productions commerciales, par ce que j'appelle le "néo-cartoon".
Mais comme l'histoire est faite de vagues, de tendances et de contre-tendances, je sais qu'il y aura toujours une nouvelle génération pour casser l'uniformité qui guette.
O. Cotte : C'est plus facile aujourd'hui puisque les moyens
techniques et financiers sont plus accessibles.
Mais il faut qu'ils aillent dans les festivals, qu'ils se nourrissent avant de créer :
la génération spontanée n'existe pas en art.
Il faut aussi oser réaliser des projets dont tout le monde dit qu'ils ne marcheront pas parce qu'ils sont trop en dehors des standards : même la télévision connaît un renouveau grâce à des séries très peu traditionnelles. Et puis il faut travailler, beaucoup, car l'animation est un art exigeant.
Propos recueillis par Laetitia Maraninchi.